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En bonus, voici raconté en français de l'époque  une:

Promenades Neuchâteloises en France.

NOYERS

Pourquoi les divers domaines des anciens comtes de Neuchâtel dans le haut Jura comtois (Vennes, Vercel, Châtillon sur Malches, Vuillafans, le château de Joux, etc...), n'appartiennent-ils pas au territoire de la République et canton de Neuchâtel en Suisse ? L'histoire de Noyers servira dans une certaine mesure à l'expliquer. Et d'abord, où se trouve Noyers ?

C'est une petite ville bourguignonne d'environ quinze cents habitants, que l'on gagne en quittant à La Roche la grande ligne de Dijon à Paris et en remontant la vallée du Serain, affluent de l'Yonne. La région se nomme l' Auxois, corruptif assure t'on, de l'antique Alésia de Vercingétorix; l'Auxois comprend les arrondissements actuels d'Avallon, dans l'Yonne, et de Semur, dans la Cote d'Or. La vallée du serain, pelée et laide en aval de Noyers, mais célèbre par le vignoble de Chablis, devient plus intéressante à mesure qu'on la remonte. Noyers même, vue de la gare, dans un fond, encerclée de trois cotés par un curieux méandre de la rivière et dominée au nord par une colline d'une centaine de pieds de hauteur, est réellement pittoresque dans sa ceinture de murailles et de tourelles.

 

Les Fossés

L'histoire de Noyers est fort ancienne; elle remonte même au déluge; s'il faut en croire le très véridique Gaspard Marin, procureur de Leonor d'Orleans-Longueville à Noyers en 1561, les seigneurs de Noyers ont eu pour ancêtres Noé, sa femme Titéa, leurs fils Sem, Cham et Japhet avec leurs femmes Pandoza, Noela et Nöégla; un de leurs descendants, Gorgon de Lucida, a été converti au christianisme par Sainte Madeleine, débarquée à Marseille et venue plus tard tout exprès en Bourgogne; il aurait reçu au baptême le nom de Miles, parce que mille chevaliers avaient été baptisées en même temps que lui. Le fait est que les anciens seigneurs de Noyers, de l'an 1100 jusqu'a 1419, portent tous le nom singulier de Miles. Les héritières de Miles VIII vendirent la seigneurie pour 18,000 écus d'or à Marguerite de Bavière, veuve du duc Jean de Bourgogne. Celle-ci laissa Noyers à Philippe le Bon, son fils, qui la transmit au duc Charles le Téméraire.

Jusqu'ici nous sommes fort loin de Neuchâtel en Suisse. Nous approchons.

Dés 1477 le roi de France Louis XI, conquérant de la Bourgogne, s'adjuge Noyers et la donne, par lettres patentes signées à Plessis-lès-Tours en avril 1482, au capitaine général de ses troupes allemandes, Jean de Hallwyn ou Halluin, qu'il ne faut pas confondre avec Jean de Hallwyl, le héros de Morat. Puis au traité de Senlis, le fils de Louis XI,  Charles VIII de France, rétrocède la seigneurie de Noyers à la Maison de Bourgogne, en la personne de Marie de Bourgogne et son mari Maximilien d'Autriche, roi des Romains, " sauf les droits du roi ", ce qui signifie que Noyers demeure terre Française, et que Maximilien doit hommage au roi de France pour sa seigneurie de Noyers. Le fils de Maximilien et de Marie, Philippe d'Autriche, renouvelle cet engagement en 1498 envers Louis XII et l'exécute le 14 juillet 1499.

Pendant ce temps, que se passait-il à Neuchâtel en en Franche6comté? Lorsque les suisses eurent, moyennant finance, renoncé à garder pour eux la Franche-Comté, Louis XI s'en empara; un de ses principaux partisans était le marquis de Rothelin, Philippe de Hochberg, dont le père, Rodolphe de Hochberg, était comte de Neuchâtel. Philippe, personnage peu intéressant, jadis grand ami du Téméraire, puis âme damnée des Français, se fit donner en Franche-Comté Pontarlier, Gray, Vesoul, la gardienneté de Besançon et enfin le Château de joux. Quand il fut comte de Neuchâtel et qu'il faisait venir en Bourgogne sa femme, elle couchait au château de Joux avec son loin et son aumônier. Peu après la mort de Philippe, sa fille unique, Jeanne de Hochberg, épousait, en 1504, à Dijon, un cadet de famille, Louis d'Orléans, que la mort de son frère aîné devait faire plus tard duc de Longueville.

Les relations tendues entre la France et l'Espagne, la révolte des Comtois contre les Français, tout cela favorisa un coup de main des espagnols de la Franche-Comté contre le fort de Joux, qui fut enlevé par surprise, en 1507. L'année suivante Louis XII de France et Maximilien d'Autriche stipulant au nom de son petit-fils, le futur empereur Charles-Quint, convinrent au traité de Cambrai, 10 décembre 1508, que Jeanne de Hochberg, recevrait la terre autrichienne de Noyers en Bourgogne en gage, jusqu'a ce que l'autorité compétente eût statué sur la question de savoir si la prise du Château de Joux par les Austro Espagnols de Jean de Vaudrey était de bonne guerre ou constituait une spoliation.

Voici le premier lien entre la maison de Neuchâtel et Noyers.

Quelques années plus tard, le mari de Jeanne de Hochberg, Louis d'Orléans, devenu duc de Longueville, prenait part aux guerres de Louis XII contre les Suisses en Italie. Les confédérés saisissaient Neuchâtel en 1542 et l'administraient en baillage commun. Les Espagnols de leurs coté, s'emparaient des terres possédées d'ancienne date en Franche Comte par les comtes de Neufchâtel entre Le Locle et Besançon ( Vennes, Vercel, Châtillon sur Maîche, Vuillafans-Chateaunneuf, Usier, etc...)

Il était naturel que le roi de France s'intéressât à Jeanne de Hochberg, dépouillée à cause de lui tant par les Suisses que par les espagnols. L'ors qu'en 1515 il fut question du mariage de Renée de France, fille de Louis XII, avec le futur Charles-Quint, il fut convenu, par le traité de Paris du 24 mars 1515, que Noyers ferait, il est vrai, retour a l'Espagne, mais qu'en fait, le domaine utile serait conservé au duc et a la duchesse de Longueville " selon les conditions du traite de cambrai, lesquels duc et duchesse demanderont justice en la cour du parlement de Dole ".

Ce projet matrimonial n'ayant pas reçu de suite et ayant été remplacé par une autre combinaison consistant à unir Charles-Quint à Louise de France, fille de François I, le traité de Noyon du 13 août 1516 stipula que Marguerite d'Autriche, douairière de Savoie, recevrait Noyers lorsqu'elle aurait, au préalable, fourni à Jeanne de Hochberg des terres équivalents à celle que les Austro Espagnols lui avaient enlevées en Franche-Comté.

La question de la légitimité de la prise du fort de Joux n'avait pas été tranchée par le parlement de Dole et ne le fut jamais. le 17/20 mai 1517, l'échange prévu au traité de Noyon fut opéré, et Jeanne tout en gardant Noyers en compensation de Joux, reçu les terres de Chaussin et de la Perrière sur la Saône, ainsi que la ville de Château-Chinon dans la Nièvre, en même temps, Marguerite d'Autriche s'engageait, en cas de nouvelle éviction, à restituer à la maison de Neuchâtel ses terres du haut Jura Comtois.

C'est donc de 1508 à titre provisoire, de 1517 à titre définitif, que date l'arrivée de Jeanne de Hochberg à Noyers. Il est vrai que Jeanne était alors dépossédé de son comté de Neuchâtel par les Suisses, qui le conservèrent jusqu'en 1529; mais c'est précisément cette occupation, qui avait toutes les apparences de devoir demeurer définitive, qui engagea Jeanne de Hochberg, francisée après son mariage avec un Orléans, à préférer des terres bien assise dans la Bourgogne française à des domaines en pays espagnol comme la franche-Comté. Elle n'avait plus les mêmes raisons que son père de tenir au château de Joux, et aucun souvenirs ne l'attachait plus aux vieilles seigneuries héritées des Montfaucon ou des Durnes par la maison autochtone des comtes de Neuchâtel sur le lac. C'est la grande politique européenne qui a donc fait perdre à cette époque ces terres aux Neuchâtelois; ce sera aussi la grande politique qui fera recouvrer, a la paix de Westphalie, le Château de Joux )à Henri II de Longueville au milieu du XVII siècle, et le lui fera perdre dix ans plus tard à la paix des Pyrénées. Si les Suisses n'ont pas soutenu Jeanne de Hochberg contre l'Espagne dans cette campagne diplomatique pour la possession des domaines accessoires de la principauté de Neuchâtel, c'est précisément parce que les Confédères avaient fait main basse sur le gros morceau, sur Neuchâtel lui même, et que leur politique à eux(et surtout celle de Berne et Fribourg ) était, non pas de s'étendre en Franche-Comté au delà du Jura, mais de conquérir, sur les ducs de Savoie, les frontières naturelles de la Suisses à Bomont, à Estavayer et dans le pays de Vaud. Il y a dans l'histoire plus de bon sens qu'on ne le croit.

Quant à l'administration de Jeanne de Hochberg dans sa nouvelle seigneurie de noyers, nous la connaissons par les deux gros terriers, soit cadastres, qu'elle fit dresser vers 1520 par son avocat dijonnais Pierre Sayve. Elle était veuve depuis peu d'année et, bien qu'elle habitat de préférence, pendant ses séjours en Bourgogne, le château d'Epoisse, elle n'a pas négligé totalement Noyers, c'est même à Noyers qu'elle a signé, en février 1538/9, le célèbre acte par lequel elle a accensé aux quatre ministraux " la maijorie de Neuchâtel, avec touts ses confiscation, haute, basse, et moyenne juridiction, lods, censes, rentes et revenus, les fours, moulins, halles, vignes, jardins, bois, rappes et autres émoluments " qui lui appartenaient dans la mairie de Neuchâtel " sans en rien excepter que la maison, château et donjon, ainsi que le droit à faire grâce aux criminels. Toutefois, on devra lui présenter le maire pour l'assermenter. Cet abandon des droits de l'état entre les mains des bourgeois de Neuchâtel fut fait pour la somme de 2000 écus d'or au soleil et 200 livres faibles de rente perpétuelle, ce qui fait dresser les cheveux sur la tête du chancelier Montmollin, qui écrie dans ses mémoires: " A t'on jamais rien vu de pareil dans un état inaliénable? "

On sait que Jeanne de Hochberg a vécu toute sa vie dans les embarras financiers, et MM, les bourgeois de la ville ne craignaient pas d'exploiter la situation en agissant directement sur la princesse, à l'insu du gouverneur Georges de Rive et du conseil d'Etat.

A la mort de Jeanne, Noyers fut attribué, par acte de partage dressé à Paris le 6 novembre 1543, à son troisième fils, François d'Orléans, marquis de Rothelin, qui n'a pas été prince de Neuchâtel, mais dont le fils Leonor y a régné à partir de 1551.

François de Rothelin vint quelquefois à Noyers; il y venait même trop, et paraissait y rechercher la société d'une belle Normande qu'il avait connue dans sa jeunesse, Françoise  Blosset, dame de Colombiéres et du Plessis Paté, dont il avait eu un fils naturel; ce fils est devenu la tige des Rothelin de Normandie, et qui ont ainsi relevé dans le Vexin le titre de marquis de Rothelin au pays de Bade, échu jadis aux Hochberg.

Françoise Blosset avait, après son accident, épousé un jeune seigneur des environs de Noyers et avait été richement dotée; elle était rapidement devenue veuve et s'était non moins rapidement remariée. De son coté, François de Rothelin avait épousé la belle Jacqueline de Rohan, " qui pouvait embraser tout un royaume de ses yeux et doux regards " mais qui était peut être trop intellectuelle et trop disposée à la théologie calviniste pour retenir son époux; il parait n'avoir jamais oublié complètement ses premières amours et avoir eu à cause de cela un faible pour Noyers. C'est en tout cas dans cette ville qu'il est mort le 24 octobre 1548; si son corps a été inhumé à Châteaudun, dans la chapelle où reposent la plupart des descendants de Dunois, son coeur fut laissé à Noyers, en la chapelle Saint Nicolas, dans un monument recouvert de nombreuses épitaphes latines et françaises, en voici une composée par Nicolas Chaumont, secrétaire de Jacqueline;

 

Un prince gîst et repose en ce lieu

En son vivant grand amateur de Dieu

Son nom, François Dorléans son surnom

Qui mérite bon bruit et renom

Plus n'est besoin d'escripre ses louanges

Nous les verrons aux lieux où sont les anges.

Autre épitaphe:

Ci devant gist le coeur si noble

de Monseigneur  marquis de Rothelin

Son nom François Dorléans se nomme

Prince très beau de toute gloire plein

Seigneur estoit de ce lieu de Noyers

Ou ne feit oncques ni à aultrui mal

Et y mourut à grands plains et regrets

En l'an qu'on dict à son age final

Mil cinq cens qurante huict

Saulve son ame, vray sauveur Jesus Christ.

 

Ses derniers mots ont évidemment pour auteur un protestant et les vers sont assez mauvais pour avoir été commis par une princesse; on peut donc les attribuer à Jacqueline de Rohan  elle même. Dieu qu'elle eût beaucoup à pardonner, Jacqueline demeura toujours fidèle a la mémoire de son défunt mari, ainsi qu'en témoigne Brantôme lui même dans ses Dames Illustres.

La pieuse Jacqueline a passé à Noyers; les premiers mois de son veuvage, peu de temps après la naissance de sa fille Françoise.

Six ans plus tard, on la retrouve faisant un nouveau séjour à Noyers en juin juillet 1554. Elle était alors tutrice de son fils Léonor, co-souverain de Neuchâtel en indivision avec son cousin Nemours. On possède huit lettres qu'elle, ou son secrétaire Chaumont, ou son maître d'hôtel Delabare ont écrites de Noyers les 29 juin, 7, 8, 9, 10, 12, et 22 juillet 1554 au gouverneur Bonstetten à Neuchâtel. Elle y réclame le contrat de mariage de Philippe de Hochberg avec Marie de Savoie; elle demande qu'on fasse rentrer les sommes dues par le receveur Chambrier, par le châtelain Raillod et par les héritiers du feu gouverneur Georges de Rive; elle voudrait des oiseaux chasseurs pour le jeune prince Léonor " et une bien bonne haquenée " pour elle même; elle pourvoit à l'installation de Guillaume Hardi comme maire de Neuchâtel, donne des nouvelles de la guerres des Flandres et encore un fois, sollicite l'envoi rapide de tiercelet ou d'autours de Neuchâtel, qui paraissaient fort appréciés en France pour la chasse au faucon.

En 1561, Léonor étant devenu majeur et ayant été proclamé par MM. de Berne seul souverain de Neuchâtel, à l'exclusion de son cousin Nemours, se mit en route pour se rendre dans sa principauté en compagnie de sa mère, qui était devenue officiellement calviniste.

 

Dessin du vieux chateau

Au cours de ce voyage, il traversa Noyers et y reçut des mains de son procureur Gaspard Marin un magnifique parchemin illustré de lettres initiales et d'un titre représentant un arbre dans les branches duquel pendent les sceaux et et blasons des ducs de Bourgogne et de Longueville, le tout suivi d'une description de la seigneurie de Noyers et de la généalogie de ses seigneurs depuis la création du monde. Ce manuscrit déposé actuellement à la bibliothèque nationale de paris, permet de reconstituer le Château de Noyers aujourd'hui totalement disparu.

Rebâti vers l'an 1200 par Miles II et par son frère Hugues, évêque d'Auxerre, il consistait, d'après la Chronique et Généalogie de Gaspard Marin, " en un noble et fort chastel assis sur une roche et montaine eslevée en telle apparence que son regard s'estend tout autour à vehue d'oeil jusques à trois lieus et plus. Au milieu du dit Chastel est le donjon et le fort une grosse et haulte tour carrée, faisant le lymbre et titre seignorial dudict Noyers... La dicte tour ou son donjon est embellye et fortifiée de six forts avant que d'y atteindre et parvenyr à l'invadir, de deux chappeles en messe quotidienne bien fondées, de grands edifices à l'antique, vergier, jardin, fonaines, puys, cyisternes et toutes autres commodités, combien qu'il soit assis sur ledit rocher et aultres montaines."

La cheminée de la salle des gardes du château était d'une grandeur prodigieuse et absorbait, chaque jour une entière charretée de bois. Sur l'auvent était représentée la chasse de Saint Hubert " composée de plus de vingt cinq personnage de grandeur naturelle, outre les chiens et le cerf aux abois, le tout entre des broussailles de pierre si finement sculptée qu'il n'y manquait pas une épines " ( Tristan le voyageur ou La France au XIV siècle, par M.  de Marchangy)

Le château comprenait aussi la chambre dite au Lion, deux chapelles, la chambre de Champagne, la chambre de Ma Damiselle, où mourut en 1304 la dernière héritière de la maison primitive de Noyers, etc..

En descendant vers la ville se trouvait la " basse-court, dite aussi le Berle, fermée a pont levis et grand foussé contre la ville. Et là est le beau et grand colombier signorial du dit chastel, lequel est aussi embelly, de deux flancs et costés, de belles vignes de très bon vin, et de beaux grand prés, vergiers, jardins et forets. "

" Et sous ledit chastel et au pied, est la ville de Noyers, forte de bonnes et especes murailles bien tourées et percées à canonnières, fortifiées de grands profonds et larges foussés à eaux vives et permanentes, provenans tant des trois fontaines estans à chacune des trois portes de la ville que la rivière du Serin, difluent entour de ladite ville, estant ladite riviere bannal et seignorial dudit Château de Noyers."

" D'icelle dépendent plusieurs beaux et grands fiefs... la ville de Tanlay... la ville de Chemilly... la ville de Corgi en l'Auxerrois... Ladite ville de Noyers était d'antiquité tenue par des seigneurs en titre de franc alleu... mais est à présent sous le fief du Roi.. L'appel du jugement du bailli est immédiat au parlement de Dijon."

Apres que Jacqueline de Rohan et son fils eurent suivi à Noyers le récit de toutes les merveilles de la ville, ils continuèrent leur route sur Neuchâtel et y sont arrivés dans la première semaine de décembre 1561. Mme de Perrot a rapporté  tous les incidents de voyage dans sa belle étude sur Jacqueline de Rohan.

Quatre ans plus tard, Leonor, devenu chef de famille et bien que récemment passé au catholicisme, mariait à Vendôme sa jeune soeur, âgée de dix sept ans, au vieux chef des Huguenois français louis de Bourbon, premier prince de Condé, un veuf père de nombreux enfants légitimes ou autres; le mariage fut célébré en présence de la reine de notabilité reformées. Cette soeur, Françoise d'Orléans, recevait en dot, entre autres, la seigneurie de Noyers ( contrat de mariage du 8 novembre 1565 )

De ce moment cesse la communauté de seigneurs entre Noyers et Neuchâtel; elle aurait duré seulement de 1508 ( ou de 1529 si l'on déduit la période de l'occupation de Neuchâtel par les Suisses) à 1565. Cette communauté de seigneurs renaîtra peut être pendant quelques instants au cours du règne de Louis XIV. Le lecteur excusera donc, un très bref exposé de l'histoire de Noyers pendant la fin du XVI et pendant le XVII siècles

 

Dessin de Noyers en 1610

 

Deux ans après son mariage, Condé était venu avec sa jeune femme se fixer au Château de Noyers après la paix de Lonjumeau, favorable aux Huguenots, qui avaient obtenu de Catherine de Médicis le licenciement des troupes suisse catholiques du fameux Louis Pfyffer. L'amiral Coligny était aussi venu s'installer à Noyers. Les deux partis ne tardèrent pas à s'accuser de menées secrètes. A la Cour, on croyait que le prince d'Orange s'était engagé envers Condé et Cligny à leur envoyer des  troupes en Bourgogne et en Champagne, de façon à permettre aux protestants alors rassemblés dans Genlis près de Dijon, de recommencer l'action de concert avec lui. Cette supposition gagna en vraisemblance à mesure que la reine apprit l'existence d'un prétendu échange de lettres entre Noyers et la suisses protestante pour obtenir la levée de six milles soldats, et le départ pour Neuchâtel de Jacqueline de Rohan, la très calviniste belle mère de Condé.

Noyers était alors une place redoutable, et ses défenses venaient d'être renforcées; la plupart des seigneurs bourguignons du voisinage avaient acceptes la reforme; à Tanlay se trouvait, à quelques lieues de Noyers, le célèbre chef protestant d'Andelot, frère de Coligny et d' Andelot. Mais Tavannes, désireux de ménager Condé, s'arrangea à faire surprendre par celui ci un messager porteur d'un billet ainsi conçu: " Le cerf est aux toiles, les chasseurs approchent ". Le prince comprit, gagna le Berri avec sa jeune femme enceinte et les enfants de son premier mariage, abandonnât le château de Noyers à Tavannes, qui le pilla consciencieusement. Le Maréchal de Tavannes a qualifié dans ses mémoires cette entreprise de " mal dressée de quenouilles et de plume et qui fut funeste.. car la reine s'était embarquée sans biscuit. " Condé réussit plus tard à se jeter dans la Rochelle et la guerre fut , de ce fait rallumée.

L'année suivante, les catholiques revinrent à Noyers, s'en emparèrent encore une fois et conduisirent à Troyes les soldats de la garnison; plus de soixante d'entre eux y furent abandonnés à la fureur populaire; la ville fut pillées et les archives détruites.

Pendant la Ligue, la ville, qui tenait pour le roi, fut assiégée en 1592 par le vicomte de Tavannes et défendue avec succès par le bailli d'Auxois et par quelques seigneurs du voisinage. Elle tomba ensuite aux mains des ligueurs ou plutôt d'une bande de brigands commandés par un petit fils du chancelier Duprat, le baron de Vittaux, dont Henri IV ne pu se débarrasser qu'en payant une vingtaines de mille écus. Le roi fit aussitôt raser la forteresse.

 Louis XIV a logé à Noyers en 1658 et en 1674. Les états de Bourgognes exilés y ont tenu leurs séances en 1659.

Les enfants du second mariage de Condé  portèrent le nom de Bourbon Soissons, par opposition a ceux du premier mariage, qui gardèrent celui de Condé. Le fils, puis le petit fils de Louis de Bourbon Condé et de Françoise d'Orleans-Rothelin héritèrent de Noyers. Ce dernier, Louis fut tué à la bataille de le Marfée près de Sedan, e, juillet 1644, au cours d'une émeute et en combattant, victorieusement d'ailleurs,les troupes royales, après avoir intrigué toute sa vie contre Richelieu.

Il laissait pour héritiers sa cousine germaine la duchesse de Nemours, fille du premier mariage d'Henri II de Longueville avec Louise de Bourbon Soissons, et un fils bâtard, Louis Henri, dit le chevalier de Soissons, qu'il avait eu de la veuve d'un pasteur de Sedan, Mme Deshayes. NOyers se trouva ainsi échoir peut être de nouveau à une princesse de la maison de Neuchâtel, mais bien fugitivement ? car Noyers fut attribué aussitôt en apanage au bâtard de Soissons, qui prit le titre de comte de Noyers et même, quelques année plus tard  ceux de comte de Dunois et de prince de Neuchâtel.

I l succomba avant lz duchesse de Nemours, et sa fille, marié au duc de Juynes, hérita de Noyers. La seigneurie est demeurée dans cette maison Luynes jusqu'a la Révolution Française; pour donner du travail aux habitants en 1789, le dernier seigneur de Noyers fit enlever les pierres et décombres du château incendié pendant les guerres de religion.

La chapelle Saint Nicolas Le Vieil, où se trouvaient les sépultures des anciens seigneurs locaux et le coeur de François de Rotholin, fut désaffecté pendant la période révolutionnaire et les monuments qui s'y trouvaient furent détruits.

Quand à l'enceinte de la ville , avec ses vingt deux tours, elle a été à peu près respectée; seulement au lieu de plonger dans la rivière, elle est aujourd'hui séparé du lit du serain par une route qui entoure le pied des murailles.

 Le très consciencieux artiste Hollandais Van Wiert a fait de Noyers en 1610 un dessin conservé a la bibliothèque nationale de Paris et que le lecteur pourra comparer avec le plan de ville ou avec les photographies modernes.

 

 La belle porte extérieure de l'enceinte de noyers dans la direction du sud, sur un bras du serain, a été démolie vers 1825. La population, évaluée à 3000 habitants à l'époque de Condé,  diminue de moitié et baisse a chaque recensement, il y a en moyenne vingt cinq décès pour quinze naissances. Les anciennes industrie des toiles, des feutres, des chandelles, de la tannerie, du foulage des draps sur le bord de la rivière, ont disparu; les jeunes gens n'ont qu'un rêve, être employés de chemin de fer. Poisse l'éminent historien des ducs de Bourgognes de la première race, Mr Ernest Petit, qui a consacré plusieurs monographies magistrales à la villes de Noyers dont il le représentant au conseil général de l'Yonne, réussis a empêcher les habitants de la petite cité bourguignonne de détruire ce qui reste des monuments de leur glorieux passé, car se serait alors la fin de tous.

 

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Dernière modification : 18 octobre 2003